Ce qui se dit dans nos cabinets
La situation politique, depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale, et la campagne électorale qui s’ensuit, ne manque pas de faire parler. Y compris dans nos cabinets, et ce, dans des proportions inédites : même la période des attentats en 2015 n’avait pas donné lieu à de telles manifestations d’anxiété, d’indignation et de colère.
Que penser de cette irruption de la vie sociétale dans le cours des cures analytiques ?
Que penser quand certains patients disent pendant les séances leur inquiétude, leur peur, de ce qui se passe dans le monde actuel, ou au contraire se retiennent d’aborder ce sujet ? Les évènements extérieurs, quand ils comportent une telle charge anxiogène, entrent par effraction dans notre intimité, se mêlent à la cure analytique. Parfois la problématique individuelle est un refuge, parfois elle s’efface sous la pression. La pratique de l’analyste ne doit-elle pas, dans ces circonstances, se centrer sur la recherche d’une mise à distance de cette extériorité angoissante et envahissante, en concordance avec la singularité de chaque patient.
La souffrance dans le rapport au monde et à l’autre, le malaise dans l’altérité, qui s’expriment dans, et à l’extérieur de nos cabinets, sont sans doute les plus profonds des malaises actuels.