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Un Psy dans la ville
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Société

Malaises contemporains, phénomènes sociaux, actualités sociales, qui interpellent le psychanalyste.

Les bienfaits du chaos

L’air du temps n’est pas à l’apologie du chaos. La proximité d’événements que l’on

les bienfaits du chaos
les bienfaits du chaos

pourrait qualifier de chaotiques n’incite pas à en décrire les bienfaits. Néanmoins, si nous voulions prendre un peu de recul, nous pourrions voir dans l’injonction faite de maîtrise (de soi-même, des autres, de la nature) une cause des déchaînements chaotiques de notre monde.

Mais avant cela, revenons à nous-mêmes.

Il ne s’agit pas ici d’inciter au chaos, à la démesure, à la violence mais bien plutôt de tenter d’en comprendre une origine inconsciente. Nous pourrions voir dans l’idée du chaos une proximité avec l’état de notre inconscient : pulsionnel, débridé, amoral, insensé. Notre civilisation occidentale et particulièrement française est imprégnée de cartésianisme : nous gardons foi dans la Raison et dans la volonté de « devenir maître et possesseur de la nature. » Cependant, bien qu’étant des êtres de raison, nous sommes également des êtres déraisonnables et irrationnels. A vouloir tout maîtriser de nous-mêmes, nous renvoyons au fond de notre esprit ce qui nous dérange. En un mot : nous procédons à un refoulement.

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Adolescente en questions

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L’adolescence est une période de la vie faite d’incertitudes, de grandes déceptions, de frustrations, mais aussi d’exaltations, de grands combats, d’intransigeance ; pour les garçons comme pour les filles.

Cette période de la vie à notre époque s’allonge dans le temps et maintient ces jeunes dans une post-adolescence inconfortable. Certains, peu nombreux, sont attirés par les discours de Daesh et risquent de se fanatiser. A rebours des discours islamophobes, généralisants, Dounia Bouzar[1] insiste dans ses travaux pour dire que les jeunes dont elle s’occupe viennent de tous les milieux sociaux et de toutes les origines.

Ces questions ne sont peut être pas suffisamment entendues, relayées.

Qu’est ce qui, dans le discours de Daesh, touche plus précisément les adolescents et en particulier les adolescentes?

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La racine du mal

De quoi parle-t-on lorsque l’on parle de « radicalisation » ? D’une maladie ; d’un syndrome d’origines diverses, psycho-sociales par exemple ; ou encore fait-on référence à des comportements déjà connus ?

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Racine – photo MPSD

Mais s’agit-il d’un mal nouveau ? n’est-ce pas plutôt l’omniprésence du mot qui en signe la nouveauté ?

La dérive des significations des mots est dangereuse, elle fait oublier ce qui est déjà connu, propulse une collectivité vers des inconnus qui sont source de peurs et l’entraine en retour vers des réflexes de crispation, de repli, voire de haine.

Si l’on fait l’hypothèse que le « radicalisé » est une personne en souffrance, en souffrance d’être, alors de quel mal souffrirait-il ?

A la racine du mal-être, du mal de vivre, se nichent le désespoir ou la haine, ou des failles profondes avec lesquelles tout sujet humain a plus ou moins maille à partir. Parfois elles sont si profondes que la rupture est radicale, l’individu coupé des autres en vient à commettre l’irréparable dans une mise en scène à la démesure de sa souffrance. Comme ce pilote qui écrasait son avion contre une montagne, dans un geste de très grande mélancolie…

Mais pour autant, la maladie psychique n’est pas la racine de toute « radicalisation » ; la haine de l’autre, l’exacerbation de la destructivité ne sauraient être simplement des symptômes d’une maladie mentale. Les gestes fous ne sont pas toujours commis par des fous. Freud l’avait compris en son temps et souligné en écrivant « Malaise dans la civilisation » au lendemain de la guerre de 14/18.

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La Psychanalyse et le Sacré

La cure analytique est une aventure intime ayant pour finalité de débarasser le sujet de certains déterminismes inconscients qui le freinent sur le chemin d’un accomplissement créatif de sa vie.

Totem : figure du Sacré et de l'Interdit
Totem : figure du Sacré et de l’Interdit

Même si comme l’aurait dit Malraux, elle réintégre les démons dans l’homme, elle ne dit rien sur ce qui le dépasse par ailleurs. Bien au contraire.

La fin d’une cure est le moment où le patient comprend qu’il est seul face à l’énigme de la vie.

Il le comprend après être passé par des phases qui lui ont donné l’illusion qu’un autre savait pour lui quelque chose de lui même.

Si aucun Autre ne sait pour lui alors la question existentielle reste entière.

La cure lui permet de pouvoir faire face à cette vérité.

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Splendeur et misère de la cool attitude

CastafioreNous ne sommes pas les premiers à le dire : la tyrannie du bonheur sévit. L’euphorie perpétuelle empêche les âmes de s’adonner à leur plaisir favori : l’égarement. La course aux objets de consommation, ou pour le dire moins poliment, la fringale de cool toys, empêche l’inclinaison mélancolique.

Le cool toy, qu’est-ce que c’est ? C’est tout ce qui rend la vie plus simple, plus sexy, plus sympa, et qui l’évide de sa substance complexe, souffrante, mortifiante. Des siècles de littérature romanesque sont ainsi court-circuités par quelques mots-clés sur une application, par un smiley sourire sur un réseau social, par un tweet laconique, voire lapidaire. Tout se passe comme si nos inconscients avaient délibérément opté pour une simplification du monde, dans un renoncement face à l’abysse de l’énigme humaine. – Allo, le monde ? Je me suis tapé douze ans d’analyse, je ne vais toujours pas mieux. Donc, aujourd’hui, exit ma psy mutique qui tripotait son collier de perles derrière moi ! Je veux de la TCC, de la bonne, de la vraie ! Je veux du conseil pour plus flipper le soir quand je rentre en scooter d’Argenteuil. Je veux du coaching pour apprendre à pas chialer comme une madeleine quand je vais au ciné voir le dernier Di Caprio. Et, dans l’idéal, je voudrais faire un gosse avant quarante ans si mon agenda book me le permet.

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Périscope

Jusqu’à il y a peu, le terme périscope n’évoquait à tout un chacun que cetpriscope-de-sous-marins-6938312 instrument d’optique constitué de prismes et de lentilles permettant d’observer par-dessus un obstacle des objets inaccessibles à la vision directe, et particulièrement depuis un sous-marin.

Ce terme lointain s’immisce dans le quotidien d’un nombre croissant d’utilisateurs de Smartphone. «  Periscope » et sa jumelle « Snapchat » connaissent un engouement massif,  et ces applications comptent chacune plusieurs centaines de millions d’utilisateurs par jour. L’intérêt se porte sur ce qui les caractérise l’une et l’autre : des séquences de vie filmées et diffusées instantanément sur le réseau social. Les images sont éphémères et disparaissent quasi instantanément.

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Gynophobie

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Lorsqu’’il n’’y a pas de mot pour le dire, alors inventons le ?

C’’est ce que fait une jeune organisation (www.nogynophobie.org) qui a pour objectif de sensibiliser l’’opinion sur la place des femmes dans notre société et sur toutes les violences exercées contre elles.

« Gynophobie » tel est le mot inventé ou plus exactement retrouvé. Il existait mais n’’est pas utilisé couramment.

Ce mot a pour mérite de ‘s’appuyer sur la dimension de la phobie. Une phobie est une peur irrationnelle et démesurée d’un objet, d’’une situation. Les mots de « machisme » de « misogynie » n’’englobent pas ce sentiment de peur. Elle est pourtant bien au centre de beaucoup de comportements masculins et peut être aussi féminins.

Les êtres humains, bien que différenciés sur le plan sexuel, ont tous des caractéristiques plus ou moins prononcées de l’’autre sexe.

Les femmes naissent dans un monde conçu et façonné par les hommes. Elles l’’adoptent, l’’intègrent mais perçoivent aussi un sentiment d’’étrangeté comme le dit fort bien Julia Kristeva dans « le féminin et le sacré ». Ce sentiment d’’étrangeté, ce vascillement de l’’identité féminine, peut conduire à une compétition acharnée envers les hommes ou à une certaine dépression – les femmes sont ici, convaincues, de ne pas être « à la hauteur » – ou bien encore à une impression de « jouer le jeu », de faire comme si.

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Abstention

A un an des élections présidentielles en France, la campagne électorale commence. Des candidats se prononcent, certains se réservent, d’autres sont peut-être encore dans l’ombre. Tous vont dans les mois qui viennent défendre un projet, un idéal pour notre société, dans le but de fédérer autour de celui-ci et rallier un maximum d’électeurs à eux.

Mais quel pourcentage des électeurs iront voter ? abstention

Le grand vainqueur des élections européennes, présidentielles, régionales, cantonales, syndicales, c’est l’abstention. Elle augmente inexorablement et progressivement, déjouant les sondages auxquels elle échappe; non candidate et pourtant victorieuse de toute forme d’élection par une masse d’un délégataire du pouvoir à une fonction de représentation.

Que penser de l’abstention ? Peut-on la situer comme l’expression à l’échelle sociétale d’une modification profonde du lien à l’autre ?

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Debout !

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Un murmure bruisse dans l’air du temps. Il devient insistant : l’horizontalité plutôt que la verticalité. Le mouvement « NuitDebout » en est un exemple : « Debout !» mais avec l’envie d’être avec les autres, en liens.

L’horizontalité, ça nous connaît, nous analystes. Il nous arrive souvent de proposer à ceux qui viennent nous voir de s’allonger pour parler. Ce n’est pas chose facile d’accepter de « se coucher ». Et pourquoi le faire ?

Nous savons par expérience, que s’allonger sur le divan, c’est retrouver ou trouver un espace-temps, dans la solitude de son for intérieur. Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas s’y soumettre ; se soumettre à la proposition de laisser son esprit se détacher d’une certaine maîtrise de la raison, en présence d’un autre.

Il ne s’agit pas de méditer, allongé sur le divan. Il s’agit de parler, de trouver des mots pour dire ce qui ne trouve pas à se dire. Ces mots ont une adresse invisible : l’analyste présent est attentif à ce qui se dit ou aux silences, car dans ces creux, ces mots, se loge l’inconscient.

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Populaire

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Il est de bon ton aujourd’hui au collège et au lycée d’ « être populaire » . Cette injonction de popularité a pour conséquences des souffrances majeures pour ceux qui ne le sont pas et une souffrance en creux pour ceux qui le sont. Elle participe de phénomènes de groupe, d’exclusion et de violences à l’égard de ceux qui sont différents.

Mais quoi de neuf alors sous le ciel de l’adolescence ?

La nouveauté réside dans la forme et l’intensité de la recherche d’un Idéal de conformité. Elle amplifie les risques d’exclusion ou de violence vis à vis des « autres », car autour de l’ado « populaire » se trouve un groupe qui tente de s’identifier à cet Idéal de conformité. Nous constatons alors des phénomènes de groupe et de bouc émissaire. Ils se déploient dans la cour de récréation et sur le net. Internet fournit des modes d’emploi pour devenir populaire : être gentil, proche des autres, attentifs, trouver un style vestimentaire original mais pas trop, être soi-même sans peur, faire de bonnes actions, être dans des associations, être bon élève mais pas trop etc…

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