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Un Psy dans la ville
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Renoncement

De l’attitude vertueuse qui consiste à sacrifier des satisfactions personnelles en vue d’une plus grande perfection à l’attitude mortifère qui consiste à sacrifier ce à quoi l’ont tient ou à ne plus le défendre, le renoncement a des ressorts contraires.

En psychanalyse, Freud fait de la civilisation le fait d’un renoncement aux pulsions agressives en échange d’une protection donnée par la société, le collectif. Quand la protection, pour certains, semble ne plus exister suffisamment, la tentation est grande de ne plus y renoncer. Nous le constatons au travers d’une violence qui se dit, se met en acte. Si la société n’est plus organisée pour permettre à tous de vivre dans un sentiment de sécurité suffisant les pulsions se déchaînent. Il est difficile de supporter de vivre avec ou près d’autres humains dont on est éloigné pour des raisons culturelles, cultuelles.
Le sentiment de sécurité n’est pas uniquement composé d’une sécurité pour sa vie ou ses biens, mais il se trouve dans la possibilité de se projeter dans l’avenir avec confiance, dans l’idée que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, qu’avec de la volonté et de la force tout le monde peut espérer.
Aujourd’hui nous sommes dans une intranquillité permanente. Nous nous rétrécissons, nous enfermons dans notre intimité familiale ou amicale. Nous sommes susceptibles de renoncer à nous tenir éveillés, à nous mobiliser pour ce qui est important à nos yeux. Nous sommes prêts au pire, à renoncer à nos principes moraux de vie en société.
Liberté, Égalité, Fraternité ? Qu’en reste t il ?
Liberté ? Elle se traduit en libéralisme économique.
Égalité ? Pour ceux qui se ressemblent pas pour les autres, les différents, les éloignés, les perdus, les perdants.
Fraternité ? Battue en brèche, des hommes des femmes des enfants meurent en mer, nous ne faisons rien ou peu.

Les psychanalystes qui ont des outils conceptuels de compréhension de ce qui se joue devant nos yeux sont pour une grande part enfermés dans leurs cabinets et leurs institutions. Ils ne veulent rien voir ni savoir.
Freud a eu bien du mal lui-même à reconnaître ce qui se passait dans les années 30 en Allemagne. La lecture de ses correspondances pendant ces années là est confondante car rien ne transparaît de ce qui se joue en dehors de chez lui.
Au même moment, Victor Klemperer a, de son côté, saisit dans certaines modifications de la langue les modifications essentielles du monde d’alors.
Alors restons attentifs et ne renonçons pas à tout …

Béatrice Dulck

Victor Klemperer : « LTI, la langue du IIIème Reich » Éditions pocket, coll. Agora

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