Pulsion de vie
La psychanalyse souffre-t-elle d’avoir été inventée à la fin du 19ème siècle et d’avoir régné pendant une grande partie du 20ème siècle ?
Elle est sans conteste marquée du sceau de son découvreur, Sigmund Freud.
Il faut savoir garder l’essentiel de sa découverte. Il faut savoir aussi débusquer dans ses écrits ce qui s’inscrit dans une époque, dans un courant de pensée plus large, très contextuel ou tout simplement subjectitf c’est à dire lié à Sigmund Freud lui même.
Par une fréquente référence à son article « malaise dans la civilisation », certains auteurs cherchent à démontrer que la psychanalyse a participé à une conception « sinistre » de l’homme (que ce soit Matthieu Ricard ou Abdenour Bidar). Pourtant Sigmund Freud disait dans sa conclusion :
« ne pas oublier qu’il s’agit uniquement d’analogies et qu’enfin non seulement les êtres humains mais aussi les concepts, ne sauraient être arrachés sans danger de la sphère dans laquelle ils sont nés et se sont développés ».
La psychanalyse est une théorie d’ensemble du fonctionnement du psychisme humain. Elle est une thérapeutique pour soigner ceux de nos semblables qui souffrent psychiquement.
Elle est marquée des courants de pensée de son époque, cela est aussi vrai pour Freud que pour Lacan et le structuralisme. Elle doit rester vivante à l’affut du monde dans laquelle elle continue de se déployer. Même si Freud considère assez tragiquement que l’homme est foncièrement mû par une pulsion d’agression, pulsion de mort ; ce que je peux constater tous les jours dans mon cabinet, je constate également que la pulsion de vie est aussi terriblement forte. Elle est aussi celle qui triomphe dans bien des cas.
Ce n’est pas la théorie psychanalytique qui participe à la déliquescence de notre monde, mais une certaine difficulté à le penser sans tomber dans un prêt à penser, fut-il psychanalytique. Il est essentiel de re-contextualiser les théories psychanalytiques sans pour cela rejeter l’ensemble d’un corpus qui a fait ses preuves et qui continue d’être efficace.
Béatrice Dulck
Claude BILLET
On ne peut pas penser les concepts on ne peut penser qu’à travers des fantasmes, d’où l’intérêt de l’approche freudienne.