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Un Psy dans la ville
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La vie ne veut pas guérir

Pour vivre, il faut pouvoir supporter un certain déséquilibre qui est inhérent à notre nature humaine.

Réjouissons-nous ! Nous pouvons espérer un malheur ordinaire en lieu et place d’un malheur plus handicapant. C’est le sens de cette citation de Lacan : « la vie ne veut pas guérir »[1]

C'est la vie !
C’est la vie !

Cessons de rêver à un état de zénitude absolu que rien ne viendrait briser. Aucune thérapie classique ou alternative n’est en mesure de vaincre (et c’est heureux) la cause même de notre malheur ordinaire. C’est ce qui fait le sel de la vie humaine et aussi le poivre !

Notre vie sur terre ne peut être un nirvâna car nous sommes dotés d’une conscience, d’un langage et d’un inconscient, fruit de leur articulation.

Pourquoi est-il heureux qu’aucune thérapie ne puisse vaincre ce malheur ordinaire ? Parce que si c’était le cas, cela voudrait dire que nous serions face non à une thérapie mais à une idéologie totalitaire qui viendrait dire à ceux qui écoutent et qui y croient qu’elle détient la Vérité et qu’elle est en mesure de combler le manque fondamental et structural de tous les êtres humains. Les idéologies totalitaires reprennent de la vigueur et sont tentantes pour tous ceux qui sont désorientés dans un monde complexe. La période contemporain se démarque des autres périodes traversées par notre humanité par une modification des relations entre hommes et femmes. Nous pourrions même avancer qu’elle se démarque par une modification de la perception de ce que veut dire « être un homme ou être une femme ». Cette question est au cœur de nos tourments, de nos amours, de nos déceptions mais aussi de nos plus grandes joies.

C’est aussi et bien sûr une question au cœur des cures. Mais il n’y a pas de réponse uniforme qui vaille et rien ni personne ne détient la Vérité. Chacun est à la recherche d’une Vérité qui vaut pour lui-même et qui ne pourra pas être entièrement découverte. Il y a donc dans toutes les cures un indépassable, un inguérissable et c’est sans doute cette vérité là qu’il s’agit d’accepter en fin d’analyse. Il n’y a pas et il n’y a personne qui détient un Savoir qui permettrait de dépasser la condition humaine ; celle-ci est désirante.

Ainsi « la vie ne veut pas guérir » est un rappel que si la vie résiste à guérir c’est parce qu’elle résiste à prendre fin ; elle résiste à la mort.

Lorsqu’aujourd’hui certains jeunes sont tentés par des idéologies totalitaires, c’est parce qu’ils sont perdus face aux questions qui se posent à eux : que veut dire être un homme ou être une femme aujourd’hui ? Ils trouvent celles-ci des réponses manichéennes alors qu’ils sont les seuls à détenir la réponse pour eux-mêmes. Et parfois ils choisissent la mort plutôt que la vie inguérissable.

Béatrice Dulck

[1] Jacques Lacan : séminaire II « Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse »

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