Skip to main content
Un Psy dans la ville
Unpsydanslaville

Au pays de l’enfance

Tout compte fait … Après avoir pensé que ce blog était arrivé à son terme, l’actualité politique nécessite un espace de liberté utile et salvateur.

L’impensable pour notre génération des années 80 est sur le point d’arriver. L’extrême droite risque de prendre le pouvoir par les urnes… la détestation du président Macron, sa surdité à la détresse populaire, l’effondrement de la gauche, l’absence de grands penseurs, auront des conséquences néfastes. Dans nos cabinets, la peur se fait entendre. Nous assistons impuissants à la prise de pouvoir des tenants de la régression sociale, humaine, l’absence totale de la prise en compte de l’urgence climatique.

Les votants du RN sont pour beaucoup des nostalgiques du « pays de leur enfance », ce que des radios trottoirs font entendre : « c’était mieux avant ; c’était mieux quand j’étais plus jeune, il y avait une autorité, du respect… » Ceux que l’on entend ainsi n’ont pas 80 ans mais plutôt 50 ou peut-être 60 ans. Quand ils avaient 20 ans, nous étions en 1980 ou 1990. C’est-à-dire avant les différents chocs de civilisation : l’effondrement des tours jumelles, l’accélération de la mondialisation économies, l’avènement du capitalisme ultra libéral, l’arrivée du numérique et des réseaux sociaux…

Mais voter pour ceux qui promettent le retour du pays de l’enfance est un déni de réalité, un mouvement régressif de défense. La plupart du temps, et dans le meilleur des cas, l’enfant se sent sécurisé par les adultes et les plus grands que lui, il ne ressent pas la précarité, il n’a pas à assumer de responsabilités familiales, professionnelles, sociales.  Voter pour l’extrême droite ne fera pas revenir le temps fantasmé d’une enfance heureuse (qui ne l’était pas forcément d’ailleurs) et sécure. Voter pour l’extrême droite, n’empêchera pas de continuer de se heurter à la même réalité qu’avant le vote. Revenir à « avant », ce serait aussi revenir à une époque où, dans notre pays, l’on pouvait aller en prison pour homosexualité, où l’on devait aller en Belgique, ou en Angleterre pour avorter, où l’on pratiquait les « ratonnades » contre les maghrébins, où l’ORTF régnait sur les ondes, où il était de bon ton pour une femme de rester au foyer pour élever ses enfants et s’occuper de son mari, où l’autorité était paternelle et non parentale…

Ce programme est à rebours de ce que peut proposer la psychanalyse aux sujets qui viennent dans nos cabinets…  Point de retour au pays de l’enfance… tout au contraire, accepter le temps qui passe, les changements et surtout désidéaliser ce temps qui est tout sauf un paradis perdu…le doux pays de notre enfance n’a jamais existé que dans notre imaginaire…

Béatrice Dulck

enfance, peur

Comments (1)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *