Résistances
Après l’effroi et la sidération dus aux évènements tragiques du 13 novembre dernier, il est vital de continuer à penser, écrire, travailler et « résister ».
Ces actes terroristes sont malheureusement une suite logique et impropable (qui l’aurait prédit il y a 20 ans ?) du monde dans lequel nous vivons.
Le rappeler c’est faire le constat amer que l’évolution de notre monde pourrait, une nouvelle fois, se diriger vers des soubresauts violents et dangereux.
C’est constater que l’ultralibéralisme (mais le libéralisme ne contient il pas en germe ce potentiel ultra ?) est une impasse. C’est constater que le scientisme ambiant, qui l’accompagne et en est une émanation, est également une impasse.
C’est constater qu’il a été perdu de vue que la participation de chaque être humain à la collectivité humaine ne peut se résoudre à n’être quantifiable qu’économiquement.
C’est constater une nouvelle fois que notre génie se retourne contre nous même, en raison de la force de la pulsion de mort, dont Freud a découvert les ressorts.
Alors oui, résistons à ce monde qui a perdu la boussole, la seule qui doit orienter le monde, l’être humain, l’humanité qui est en nous.
Résistons chacun à la place qui est la notre pour continuer d’affirmer que l’être humain ne se réduit pas à sa valeur marchande, à sa productivité, qu’il ne se réduit pas non plus à ses circuits neuronaux. La résistance parfois haineuse à la psychanalyse est un symptôme parmi d’autres de ce malaise, mal-être contemporain.
Etant psychanalyste, je ne me sens autorisée à ne parler aujourd’hui que de la résistance à la psychanalyse qui est un symptôme, parmi d’autres, engendré par notre monde. Le terrorisme en est un autre, d’une gravité sans précédent.
Si la résistance à la psychanalyse est si forte aujourd’hui, c’est parce que notre technique, notre savoir-faire, nos théories, et en premier lieu celle de Freud, sont basés sur la seule chose qui vaille la peine : l’être humain.
Béatrice Dulck