La psychanalyse en déconfinement
Espace confiné s’il en est, voilà que le cabinet d’un psychanalyste est ouvert au public, sur les ondes télévisuelles, et que sa fréquentation rencontre un vif succès. Bien entendu, vous l’aurez déjà deviné, nous faisons référence à la série « En thérapie » diffusée actuellement sur Arte.
Alors pourquoi écrire un énième article à ce sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, et parler en ville, même si les bistrots sont toujours désespérément clos. Et pourquoi n’aurions-nous pas notre mot à dire, nous saisir de ce phénomène qui rencontre à bon escient le projet même de notre blog : rendre la psychanalyse accessible au plus grand nombre, même si nous n’avons pas choisi ici la fiction pour le faire. Mais, justement la possibilité de nous adosser aux évènements sociaux qui font notre époque et notre actualité, pour rendre compte selon nous de ce que la psychanalyse permet et de ce qu’une oreille de psychanalyste est à même d’entendre.
Que cette fiction rencontre un tel succès est un phénomène, alors même que le personnage central n’est autre que cette vieille dame que l’on nomme psychanalyse! Elle attire encore le public, et sans doute un public nouveau, plus jeune, plus spontané, plus critique, mais aussi plus sincère et désemparé.
Elle attire peut-être aussi parce qu’elle donne à voir ce qui se passe dans ce lieu clos, mystérieux, alors qu’il faut une certaine dose de courage pour en pousser la porte. Tout n’est pas invraisemblable dans cette série, certaines situations, certaines répliques, certaines paroles, sont tout à fait plausibles et représentatifs d’une cure. La fiction donne une représentation de la psychanalyse qui appelle à l’identification pour ceux qui sont passés par là, côté divan, côté fauteuil.
Un autre mérite de la série est de nous rappeler combien les espaces et les temps de paroles partagés sont nécessaires à la vie ensemble dans ce faux temps de confinement que l’on appelle « couvre-feux ». Nous l’écrivions en novembre dernier, dans un article que nous avions intitulé « ondes gravitationnelles »[1], tiens donc, déjà une affaire d’ondes.
L’objet de cette fiction télévisuelle est de montrer, par la mise en image et en mots, quelques fragments de psychothérapies, voire de cures analytiques. Bien entendu, cette représentation est partielle, fragmentée, en particulier parce qu’en est gommée la durée nécessaire aux cures, sans laquelle il n’y a ni transfert, ni élaboration.
Mais c’est bien là l’objet du cinéma que de se mettre au service de ce qu’il veut nous montrer.
A cet égard, psychanalyse et fiction ont des points de rencontre, comme une mise en abime. Dans le récit du sujet tout au long de la cure, ce sont les fantasmes qui se cherchent une voie de représentation grâce à tout ce qu’ils trouvent à leur portée : rêves, paroles, pensées, actes manqués, signes du corps… images !
La psychanalyse n’a pas fini de faire son cinéma.
[1] https://www.unpsydanslaville.com/ondes-gravitationnelles/
Desailly
Merci de faire ce lien ici, sur ce blog, avec cette série qui, en effet, trouve un large public et permet je le pense, d’échanger nos ressentis. Entre celles et ceux qui ont déjà été consulté un psy et les autres qui n’y ont jamais mis les pieds, et pas seulement les pieds, aurais-je envie de dire. Plutôt bien servi côté acteurs/actrices, on se laisse prendre par chaque patient avec un suspense qui fonctionne. Après une réserve, que j’ai eu à la vision des 5 premiers épisodes, car je trouvais gênant et excessif ce « rentre-dedans» envers le psy, j’ai fini par m’attacher à chacun d’entre eux. Le couple est assez effrayant mais sans doute cette démesure pimente l’ensemble. Cela reste du cinéma. Merci. Denis